17h25. Encore une heure de travail et je pourrai enfin débaucher. Les clientes ont été particulièrement agressives aujourd’hui. Le magasin est surpeuplé. C’est la deuxième semaine des soldes et nous sommes en pleine saison estivale. Les touristes en profitent. Je passe mon temps à ranger les piles de vêtements disposées sur les tables. 18h30, je quitte mon lieu de travail, épuisée. Je ne rentre pas tout de suite chez moi car j’ai rendez-vous chez l’orthophoniste. Ce rendez-vous, je l’attends depuis très longtemps. Il y a deux semaines j’ai fait un bilan pour savoir si je présentais un trouble qu’on appelle dyscalculie. Pour faire simple c’est comme la dyslexie mais avec les nombres. J’ai toujours été nulle en mathématiques et j’ai découvert ce trouble récemment. En lisant la description, je me suis immédiatement reconnue. Je présente les mêmes symptômes. C’est ainsi que je suis allée consulter chez une orthophoniste. Me voici arrivée. C’est la troisième fois que je viens dans ce cabinet et l’ambiance y est toujours chaleureuse. Nous nous serrons la main et elle m’invite à m’asseoir dans son bureau. Elle a analysé les résultats du bilan et en tenant compte de mon histoire de vie elle a pu poser un diagnostic. Se mêle à la peur, une légère excitation. Vais-je trouver une explication à toutes mes difficultés ? J’écoute attentivement. Elle m’explique, avec des mots plus ou moins simples, ce que signifient les résultats du bilan. Ça y est j’ai entendu le mot « dyscalculie primaire ». Je ne sais pas comment réagir. Je reste sans voix. L’orthophoniste me propose, avec bienveillance, de commencer une rééducation orthophonique. Je n’en sais rien. Je lui réponds que je vais y réfléchir. Je rentre chez moi, pensive. Je suis dyscalculique. Je pensais que ce bilan ne changerait rien à ma vie mais finalement si, il changera ma vie. Il changera la perception que j’ai de moi et ma confiance en moi. Non, je ne suis pas nulle. Non, je ne suis pas fainéante. Non, je ne suis pas moins intelligente. Je ne peux pas compter, calculer ou réfléchir comme tout le monde mais ce n’est pas de ma faute. J’ai juste un chemin dans mon cerveau qui ne fonctionne pas. Arrivée chez moi, je m’écroule. Je me sens libérée d’un énorme poids. Je suis soulagée. Maintenant, je sais, je connais et je peux mettre des mots sur mes difficultés. Désormais, je sais qu’il existe des solutions et que je vais pouvoir agir pour contourner mes difficultés. Merci.
Chaque histoire est inspirée de témoignages, les personnages sont fictifs.