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Chaque histoire est inspirée de témoignages, les personnages sont fictifs.

Valérie, 38 ans, secrétaire de direction

18h07, j’ouvre enfin la porte de mon appartement après une petite heure de métro. La journée est terminée. Comme tous les soirs, après une dose de caresse indispensable à mon chat, je vais me démaquiller et me glisser dans une tenue, certes casanière, mais confortable. Je m’approche de la fenêtre et contemple les passants dans la rue qui s’activent et se pressent pour braver le froid hivernal. Quelle douceur d’être au chaud chez soi après une dure journée de travail. Cette journée, en effet, a été particulièrement rude. Il y a des jours comme celui-ci où j’ai l’impression que mes neurones n’arrivent pas à se connecter entre eux empêchant la réalisation d’une tâche. Ceci me met dans une position particulièrement inconfortable au travail. Je suis encore en période d’essai et n’ai pas le droit à l’erreur. L’outil informatique m’est très difficile à manipuler. Je dois classer, ranger et trier des documents informatiques mais j’ai l’impression que des milliers de tiroirs existent et ne sais comment les ordonner. Malgré une formation express à la manipulation d’excel et word, je n’ai jamais travaillé sur ordinateur. C’est un nouveau défi. Néanmoins, ces difficultés sont tenaces et je n’arrive pas à les surmonter. Je me connecte sur un groupe facebook recommandé par une amie qui connaît bien mes difficultés. Depuis petite, je rencontre de nombreux obstacles lorsqu’il s’agit de manipuler les nombres. En parcourant le groupe, je tombe sur une définition du trouble nommé « dyscalculie ». J’ai une forte impression, presque intimidante, de lire un résumé de mes difficultés. Plus bas, je découvre un questionnaire qui s’adresse aux adultes dyscalculiques ou aux personnes présentant des difficultés numériques. Je me lance et y répond. J’ai la sensation étrange que toutes les questions ont été écrites pour moi. Je me sens décontenancée et mes jambes faiblissent. Ce questionnaire me correspond et m’interroge profondément. Qu’est-ce que cela signifie ? Suis-je réellement dyscalculique ? Qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que ça va changer ? Ma vie sera-t-elle la même si j’en ai la confirmation ? Mille questions naissent et remplissent mon cerveau. Je me sens troublée et fatiguée.

   

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