11h37, je suis à ma soixante-quatrième heures de conduite. J’ai raté mon permis trois fois mais je m’obstine. Je n’ai pas le choix, je dois obtenir ce permis de conduire pour élargir mes possibilités d’emplois et mon confort de vie. J’habite une petite ville et posséder une voiture est indispensable. La conduire est encore mieux. J’ai donc commencer à apprendre à conduire comme la plupart des jeunes. Sauf que pour moi conduire relève de l’exploit. Ma monitrice dit que je fais trop d’erreurs et que je ne suis apparemment pas née avec le volant dans les mains. Je veux bien la croire mais je n’arrive plus à en rire. Je perds énormément d’argent pour passer ce permis. Que se passe-t-il ? Pourquoi je n’y arrive pas ? Je sens que je perds progressivement confiance en moi. Je me décourage. A chaque leçon de conduite, le même refrain se répète sans interruption. Je n’arrive pas à évaluer correctement les distances entre les voitures, à mesurer le temps dont je dispose pour franchir la ligne « stop » avant que la voiture n’arrive trop près ou à prendre connaissance de tous les panneaux de circulation. Plus d’une fois, la monitrice a dû intervenir pour éviter que la voiture ne prenne un coup ou que je provoque un accident. Elle me dit que je dois moins stresser et que je dois prendre davantage confiance en moi. Selon elle, c’est le stress qui provoque des accidents. Mais c’est plus fort que moi, lorsqu’arrive l’heure de conduite, ma gorge s’assèche et je commence à transpirer. Durant cette heure, je dois énormément me concentrer pour ne rien oublier et respecter toutes les consignes. Même la simple consigne « tourne à droite » me demande un effort considérable. Il me faut du temps pour me repérer et distinguer la droite de la gauche. Mes parents non plus ne comprennent pas les raisons de ces échecs successifs. Ils pensent que je ne suis pas assez attentive comme durant mon cursus universitaire. J’ai obtenu une licence de psychologie mais très difficilement car je ne comprenais pas les cours de statistiques. Un jour, déprimée, j’en discute avec une amie. Elle m’explique que sa cousine est orthophoniste et qu’elle lui a expliqué qu’il existait une pathologie nommée « dyscalculie ». La dyscalculie serait un trouble d’apprentissage qui affecterait tout ce qui est en rapport avec les mathématiques dont les mesures. Elle rajoute que beaucoup de personnes dyscalculiques ne sont toujours pas diagnostiquées car c’est un trouble qui a été découvert il y a seulement quelques années et qu’encore trop peu d’orthophonistes sont formées pour faire ces bilans diagnostics. Lorsqu’elle me décrit ce trouble, je me reconnais dans ces quelques illustrations. C’est comme une révélation, une explication à toutes mes difficultés. Suis-je dyscalculique ?
Chaque histoire est inspirée de témoignages, les personnages sont fictifs.